22 Juin 2020
Sarabande de Haendel composé en 1703
La ville de Saverne a été malheureusement connue en 1525 lors du massacre de 20 000 paysans alsaciens qui s’étaient révoltés contre l'hégémonie de la noblesse et les injustices sociales. La ville va renaître et bénéficier de l’argent des évêques de Strasbourg qui en font leur résidence d’été. On se rappelle que l’évêché de Strasbourg était le premier propriétaire terrien du Nordgau (actuel Bas-Rhin) et était l'évêché le plus riche de France. Ses revenus annuels représentaient plusieurs millions de livres ! C’est la famille de Rohan qui va récupérer pendant 88 ans le siège épiscopal si convoité. Cette famille est une des plus puissantes du duché de Bretagne depuis le Moyen-Age. Les fils aînés héritent du duché, tandis que les autres choisissent une carrière militaire ou ecclésiastique. De fait, il vaut mieux choisir la soutane qui ne fait pas risquer une mort prématurée sur un champ de bataille et qui permet souvent de satisfaire tous ses « appétits ».
En 1690, quand Louis XIV annexe l’Alsace, il place Armand-Gaston de Rohan-Soubise qui n’a que 16 ans au poste de chanoine à l’évêché de Strasbourg. Heureux destin car il sera nommé évêque à 27 ans, puis Prince-Evêque à 31 ans, enfin cardinal à 38 ans. Il devient ainsi l’homme le plus riche de la nouvelle province. Pendant ses 48 années de « règne », il reconvertit les Alsaciens à la religion catholique par de bienvenues exonérations fiscales mais s’occupe surtout d’architecture. Il fait reconstruire un nouveau château à Saverne, l’ancien ayant été détruit par les flammes. Il construit également un palais épiscopal à côté de la cathédrale de Strasbourg ainsi que son hôtel de Rohan dans le 3ème arrondissement de Paris où il réside le plus souvent.
Après la mort d'Armand-Gaston, en 1749, trois autres cardinaux de Rohan et évêques de Strasbourg lui succèdent. Tout d'abord, son neveu François-Armand de Rohan-Soubise, puis en 1756, un cousin Louis-Constantin de Rohan-Montbazon, ancien capitaine de vaisseau, entré dans les ordres (on comprend pourquoi), enfin en 1779, le dernier, son petit neveu, Louis-René-Edouard de Rohan, qui sera lui aussi cardinal et grand aumônier de France. Ils ressemblent tous à de charmants adolescents !
Evidemment, ces « exilés » vivent sur un grand pied et profitent de leurs richesses. Dans cette société « de l'intérieur » l'existence quotidienne s’est organisée autour de luxueux plaisirs.
Le marquis de Valfons, entre autres, écrit, en 1740 : « Je passai à Strasbourg un hiver délicieux, tout y fut plaisirs et amusements ; étant au bal, un domino masqué m'accosta... On se dirait à Venise, avec Casanova. La veille de mon départ, j'allai chez une très jolie femme, avec qui j'avais souvent soupé et toujours très gaiement … »
Le même Valfons passera l’été à Saverne et écrira : « A Saverne, tout respirait la liberté et la magnificence, une magnificence dont l'électeur de Cologne lui-même, grand par sa maison, comme par ses revenus, se déclarait surpris. » Il est vrai, ajoute Valfons, que le cardinal vivait « en souverain » !
Vivaldi : L'été des quatre saisons composé en 1723
Louis-René-Edouard de Rohan a, lui aussi, un berceau chanceux. Pistonné par son oncle, il accède comme chanoine à 9 ans à l’évêché de Strasbourg. A 26 ans, il est consacré évêque, prince-évêque un an après et cardinal à 45 ans. Poète et philosophe, il est élu à l’Académie Française en 1761 à 27 ans ! Mais il a quelques vices ; il aime trop l’argent et les femmes et va se distinguer par une affaire retentissante qui sera une des causes de la révolution française !
Le cardinal a une charge lourde en tant que grand aumônier du roi de France qui le retient à Paris ou à Versailles. Il s’occupe plus de ses affaires de cœur que de ses « ouailles » à Strasbourg. Sa raison vacille quand il tombe amoureux de la reine Marie-Antoinette ! Il s’était déjà fait remarquer à Vienne où en tant qu’ambassadeur de France, il menait une vie dissolue, dépensant sans compter et exhibant ses nombreuses maîtresses. Il avait espionné le courrier entre Marie-Antoinette et sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse, ce qui lui attira la haine de la nouvelle reine de France.
Une de ses maîtresses, la « fausse » comtesse de la Motte, lui fait croire qu’elle peut lui obtenir le cœur de la reine et lui remet de fausses lettres de Marie-Antoinette. Bientôt Mme de La Motte lui confie que la reine souhaite acquérir un collier mais qu’elle n’ose pas demander à son mari et qu’elle désire le payer en 4 fois. Après une fausse entrevue dans le parc de Versailles, le cardinal s’empresse d’acheter le collier (qui avait été commandé par Louis XV pour Mme Du Barry), signe les 4 traites de 400 000 livres (environ 2 millions de nos euros chacune) que lui réclament les bijoutiers belges tout heureux de trouver enfin un acquéreur. Mais le naïf cardinal n’entend plus parler du fameux collier qui n’arrive d’ailleurs jamais chez la Reine. Notre cardinal se retrouve entraîné dans un énorme scandale. Le roi Louis XVI qui a bien d’autres soucis le fait emprisonner à la Bastille. Le roi commet une grosse erreur en décidant de le faire juger par le Parlement de Paris pour crime de lèse-majesté. Le 30 mai 1786, contre toute attente, le Parlement acquitte le fameux cardinal qui devra tout de même payer le collier. (ses héritiers continueront de payer jusqu’en 1881 ! )
Un magistrat du Parlement de Paris s’exclame : « Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! » De fait, cette affaire se retourne contre Marie Antoinette qui n’y était pour rien et détruit un peu plus l’image de la royauté ….
Le cardinal déchu est exilé à Marmoutier-les-Tours mais la révolution française l’oblige à se réfugier à Ettenheim en Allemagne où il meurt de dépit en 1803.
Saverne aujourd'hui
L’époque bouillonne d’idées nouvelles mais c’est une inflation galopante suite à de mauvaises conditions climatiques et une crise financière due au financement de la guerre d’indépendance des Etats Unis qui va provoquer le tsunami. Le roi, pressé par ses conseillers qui veulent encore augmenter les impôts, convoque en janvier 1789 les Etats Généraux du royaume. Vingt-quatre députés alsaciens vont se rendre à Paris pendant qu’on rédige dans les villages les cahiers de doléances. Un formidable élan d’espoir parcourt les campagnes.
A Paris, les 578 députés du Tiers-Etat ne se laisse pas manœuvrer par les 561 représentants de la noblesse et du clergé qui perdent rapidement la partie. Le 14 juillet 1789 des émeutiers prennent le château de la Bastille et en tuent le gouverneur. La révolution française est en marche.
A Strasbourg, l’hôtel de ville est pillé le 20 juillet. Des émeutes éclatent dans les campagnes. Les trop riches abbayes sont pillées.
Le 5 août 1789, l’Assemblée Nationale de Paris abolit tous les privilèges et les droits féodaux (la dîme, la mainmorte, la taille, sont supprimées, les droits de garenne ou de chasse éradiqués, les banalités, les péages abrogés, les justices supprimées) ; c’en est fini de la noblesse ! Il aura fallu 264 ans pour que les choses changent après la révolte des paysans de 1525 qui avait été réprimé dans le sang.
Le 26 août, la nouvelle assemblée adopte la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le 5 octobre, 20 000 parisiens vont chercher le Roi et sa famille à Versailles et les ramener au château des Tuileries à Paris. En novembre, les biens de l’Eglise catholique sont nationalisés ce qui procure des sources de revenus tels que cela règle pour un moment les problèmes financiers.
La ville de Saverne est, par son col, la porte d’entrée de l’Alsace en venant de Paris et la Lorraine. Elle a donc toujours été une ville frontière …
Les romains déjà avaient construit un château à cet endroit appelé «Très Tabernae » (les trois relais).
En 1622, au début de la guerre de Trente ans, Saverne résista au cynique comte de Mansfeld qui ne put la prendre. Mais les Français l’occupèrent ensuite avant que les armées impériales ne les en chassent brièvement. C’est dire, que comme toutes les villes alsaciennes, Saverne soufrira d’être toujours sur un lieu de passage.
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A quelques kilomètres de Saverne, le château du Haut-Barr a été construit en grès par les évêques de Strasbourg en 1170, à 458 mètres d’altitude, sur trois énormes rochers. Sa position permet le contrôle du passage vers la Lorraine et les Vosges du Nord. Il est surnommé « l'œil de l'Alsace » par les Strasbourgeois. Le château actuel a été édifié en 1583 par l’évêque Jean de Manderscheid.
La passerelle du Pont du Diable reliant deux rochers est particulièrement impressionnante.
Le château du Haut-Barr à Saverne