29 Mars 2020
Vers 60 avant J.C., ce qu’on appellera plus tard la Gaule n’existe pas ; une soixantaine de peuples Celtes indépendants se côtoient relativement pacifiquement. Les rapports de force ainsi que la répartition des ressources sont décidés lors de palabres, scellés par des mariages, des échanges commerciaux, des paiements de tributs … Les « gaulois » n’ont jamais représenté une nation unie mais autant de tribus qui s’allient au gré des évènements selon une philosophie du cycle : rien n’est jamais fixe, ce qui cesse de tourner meurt et devient nocif comme un corps en décomposition.
A Rome, c’est la guerre civile. La république romaine qui avait été fondé en 500 avant J.C. vit ses derniers moments. En 100 avant J.C. arrive au monde dans une famille patricienne (les nobles de l’époque qui détenait tout le pouvoir) un garçon qu’on appelle Caius Julius Caésar. Son père est gouverneur d’une province d’Asie où il s’est enrichi. Sa mère Aurelia, fille de consul, (de l’illustre famille des Aurelii), lui donne une bonne éducation et lui fait suivre des études supérieures qui forgent son caractère. La qualité de son éloquence, son intelligence vive mais aussi l’attrait de son physique lui font rapidement prendre conscience de son pouvoir de séduction. Il va, pour améliorer sa condition, utiliser ces capacités de séduction sur les femmes et les hommes, ce qui lui valut une drôle de réputation : « mari de toutes les femmes et femme de tous les hommes ! » Il érige la séduction et la galanterie en art et choisit ses « conquêtes » en fonction de leur position sociale et du bénéfice qu’il peut en tirer pour s’élever dans la société romaine.
A 16 ans, il épouse Cornelia, 10 ans, la fille du consul Cinna qui le nomme au poste prestigieux de 1er prêtre de Jupiter, fonction de représentation publique extrêmement importante dans la Rome d’alors ! Mais, pas de chance, son beau-père qui avait usurpé ses fonctions, est massacré la même année par ses propres soldats qui voulaient rejoindre le général Sylla, revenu victorieux d’Asie. Celui-ci, vainqueur de la 2ème guerre civile à Rome se fait nommer dictateur à vie et demande à Caius Julius de divorcer ! Celui-ci refuse, a juste le temps de concevoir une fille, Julia, et est, l’héritage du malheureux beau-père ayant été bloqué, contraint de s’enfuir.
Il s’enrôle dans l’armée où le général Lucullus, qui assiège l’ile de Lesbos, lui confie une mission importante. Il doit rallier le roi de Bithynie, Nycomède, à leur cause et se faire prêter sa flotte pour vaincre Lesbos. La rumeur poursuivra Julius toute sa vie qu’il aurait été l’amant « passif » de Nycomède ! Ce qui est certain, c’est que le roi prête sa flotte et permet aux romains de remporter la victoire ! Tous les moyens sont bons pour César pour arriver à ses fins ! A la mort de Sylla, Julius Caius retourne à Rome et se fait une spécialité dans le dépôt de plainte pour « concussion » (détournement de fonds) contre des sénateurs corrompus. Il fait le ménage.
En 69 avant J.C., sa femme Cornélia meurt à l’âge de 25 ans. Caésar, très affecté, lui fera un éloge funèbre public. Il se remariera deux fois. Mais le nombre de ses maîtresses est tel que sa réputation le précède dans tous ses déplacements et ses soldats chantaient en revenant à Rome « Citoyens romains, surveillez vos femmes, nous ramenons le chauve ».
Caésar se fait élire en 63 avant J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il est très populaire, dépense des sommes d’argent folles et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages. Chargé de l’organisation des jeux, il emprunte toujours plus pour en donner de plus spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires de gladiateurs en une journée !
A 40 ans, après 20 années de haut et de bas, poursuivi par ses créanciers et sa carrière étant dans l’impasse, il est encore obligé de fuir Rome et décide de repasser par l’armée pour se refaire financièrement. A l’époque, c’était comme jouer au casino ; on achète des légions et c’est le propriétaire des légions qui payent les légionnaires en avance sur le butin récupéré lors des campagnes. Caesar se fait élire proconsul de la Gaule du Sud et se paie 4 légions. Les sénateurs, eux, pensaient se débarrasser de lui.
Arrivé en Gaule, Julius Caésar est informé de l’imminence d’une migration de 300 000 Helvètes, hommes, femmes et enfants qui, poussés par les Suèves, traversent le Rhin et veulent s’installer en Bourgogne. Il fonce avec ses légions (24000 légionnaires et 6000 cavaliers bien entrainés et bien équipés), et bat les « suisses » à Bibracte (vallée de la Saône) et les renvoie chez eux. Ils ne sont malheureusement que 200 000 à retourner chez eux !
Les Eduens de Bourgogne lui demandent alors d’arrêter le germain Arioviste, roi des Suèves qui s’est installé en Alsace (des Celtes originaires de la rive orientale de l’Elbe, poussés par les Huns). Jules César décide de diriger six légions (36000 hommes) au Nord vers la plaine inconnue pour refouler ces Suèves, qui veulent envahir la Bourgogne ! Arioviste le germain, avait déjà fait la preuve de l’invincibilité de son armée et n’a peur de rien, même pas des Romains à qui il propose d’ailleurs de partager la Gaule avec lui. Mais Caésar ne veut pas partager.
Les deux armées se sont établis près de Cernay (en août de l’an 58 avant J.C.). Caésar apprend par des prisonniers qu’Arioviste écoute des devineresses qui lui conseillent d’attendre la fin de la pleine lune avant de se battre. Caésar déclenche immédiatement la bataille qui va être acharnée ; la victoire change plusieurs fois de camp dans la journée. Voyant la bataille perdue, Arioviste le chef des Suèves, blessé, s’enfuit en laissant 80000 morts sur le champ de bataille. Julius Caésar gardera la femme et la fille d’Arioviste prisonnières, on ne sait pas ce qu’il en a fait ?
Cette bataille a été capitale pour Caésar car elle lui offre la possibilité de poursuivre sa conquête de la Gaule, surtout lorsqu’il apprend l’existence de mines d’or et d’argent qu’il ne manquera pas d’aller piller pour financer ses campagnes et ses succès à Rome !
La victoire de Julius Caésar sur Vercingétorix à Alésia en 52 avant J.C., est une catastrophe pour les gaulois. Elle change à tout jamais la destinée non seulement de la Gaule mais du monde entier. Que se serait-il passé si l'armée de secours des Gaulois coalisés avait écrasé les légions de Caésar sous les murs d'Alesia ? En dix ans que dure "sa guerre des Gaules", il a pris d’assaut plus de 800 villes ou villages, il a combattu trois millions de « gaulois », dont il en a tué un million, et fait autant de prisonniers qui vont garnir les marchés d’esclaves à Rome et financer l’hégémonie de la société romaine ! On peut raisonnablement parler de génocide qui entrainera la disparition de la civilisation celtique qu’aucun historien ne reconnait encore aujourd’hui.
Les conquêtes romaines vont leur permettre de contenir les « barbares germains » pendant près de 500 ans sur la frontière du Rhin et du Danube et l’Alsace d’être une colonie romaine pendant un demi-millénaire !
Jules César décide ensuite de rentrer en Italie avec son armée pour s’emparer du pouvoir et renverser la République. Il sort encore victorieux de cinq années de guerres civiles qui l’entrainent en Grèce, en Egypte (ou il fait un fils à la Reine Cléopâtre), en Afrique du Nord et en Espagne.
De retour à Rome en 46, Caésar fête son triomphe et donne des fêtes et des spectacles fastueux avec quelques banquets de 200 000 invités ! La vente de son butin lui rapporte plus de 600 millions de sesterces (l’équivalent de 500 millions de nos euros !!) qu’il distribue à tout va. Il inaugure ainsi un système « capitaliste » à son profit personnel qui perdure encore aujourd’hui. Chaque légionnaire vivant reçoit 24 000 sesterces de « prime » ce qui assure à Caésar une popularité éternelle.
Il s’octroie ensuite le titre de dictateur à vie et projette de se faire nommer roi de Rome avant de partir en campagne contre les Parthes. Les sénateurs prennent peur et pour empêcher la fin de la république complotent son assassinat. Le 15 mars 44 avant J.C., à 56 ans, Caesar, alors que son entourage l’a prévenu du projet d’assassinat, se rend comme tous les jours au Sénat où 23 sénateurs se jettent sur lui pour lui porter chacun un coup de poinçon dont un seul sera fatal !
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