12 Mars 2021
Voici l’histoire d’un autre artiste passionné par sa région natale et sa culture. Comme Marie Hart qui a décrit par les mots son amour de l’Alsace, Charles Spindler a passé sa vie à exprimer sa passion par le dessin. Il a capté par l'image les Alsaciens, les Alsaciennes, leur habitat et leur culture pour mettre en lumière leur spécificité. Il a relancé un art spectaculaire, la marqueterie dont l’atelier existe toujours au lieu-dit Saint-Léonard. Charles est originaire de Boersch, un tout petit village paisible situé à quelques kilomètres au nord-ouest d’Obernai. On dirait ce dernier, adossé aux premières collines des Vosges, à peine sorti du Moyen-Age. Il doit son existence à l’abbaye de Saint-Léonard construite à proximité. Au Moyen-Age, ce sont les évêques de Strasbourg qui sont les seigneurs de ce village et qui font construire les remparts et les tours qui existent encore aujourd’hui. La seigneurie changea plusieurs fois de main au gré des besoins financiers de ses différents propriétaires. Le village sera aussi maintes fois pillé et détruit notamment pendant la guerre de Trente ans.
Dans ce village de vignerons d’un millier d’âmes, naît le 11 mars 1865, un petit Charles chez les Spindler. Son père, Edmond, est notaire. La vie est des plus heureuse dans ce petit paradis reculé. Mais le destin de la famille et de l’Alsace va basculer en 1871. Charles a 6 ans lorsque Napoléon III perd la guerre et que l’Alsace est annexée par le second Reich allemand de Guillaume 1er. Le père, Edmond, perd sa charge de notaire mais récupère heureusement celle de juge de paix du canton de Bischwiller. Mais il tombe malade et meurt en 1875. Charles est donc orphelin à 10 ans avec ses 8 frères et sœurs !! C’est un vrai drame pour la maman, Marie-Célestine, qui avait eu jusque-là une vie heureuse ayant été élevée de la meilleure manière qui soit par un père qui avait été le maire de Boersch.
Marie-Célestine, doit malheureusement quitter Boersch. Elle s’installe à Strasbourg, sur le quai des Bateliers, avec ses neuf enfants qu’elle doit faire vivre grâce à une modeste pension de veuve. C’est à 12 ans, que Charles découvre sa passion au hasard de la découverte au grenier de vieux cartons renfermant des dessins réalisés par un grand-oncle, graveur aux manufactures d’armes blanches de Klingenthal. Marie-Célestine n’a pas les moyens d’assouvir cette passion mais accepte après beaucoup de réticence de l’inscrire à 14 ans au cours de dessin de la veuve de Théophile SCHULER, le peintre alsacien réputé qui vient de mourir à Strasbourg.
Charles a un oncle, Louis-Pierre Spindler, artiste-peintre, formé à Paris, médaille d’or au salon des Beaux-Arts de Paris, qui a été très connu en Angleterre comme portraitiste. Charles Spindler, c’est sûr, veut devenir peintre. Cet oncle attentionné assure à Charles et à sa famille un précieux soutien financier. Un autre oncle, Charles Muller, (1823-1898), journaliste, est rédacteur à L’Alsace puis à la Gazette de France. Lorsqu’il se retire à Boersch, Charles a 19 ans et ne se lasse pas d’écouter ce brillant causeur de 60 ans qui l’impressionne quand il parle de l’Alsace et lorsqu’il lui parle de résistance à l’occupation allemande.
Charles obtient une bourse d’études et va étudier le dessin dans les Académies de Düsseldorf, Munich et Berlin. Il effectue son service militaire à Strasbourg comme artilleur dans l’armée allemande.
L’année 1890 marque le renouveau de l’art en Alsace. Il sort enfin de l’engourdissement où l’avait plongé le désastre de 1870. Car, après l’annexion à l’Allemagne, une grande partie de l’élite intellectuelle et sociale ayant opté pour la France, avait quitté l’Alsace où régnait ce qu’on a appelé « la paix des cimetières ».
« La vie culturelle était morte, disait Robert Heitz, une nouvelle génération a grandi qui ne pouvait plus se contenter d’une protestation stérile, décidée à revendiquer sa place au soleil ». Elle fera l’identité culturelle de la province abandonnée. Charles Spindler va occuper une place importante dans ce formidable essor, non seulement comme peintre et marqueteur mais aussi et surtout comme animateur des différents cercles culturels.
En 1886, il fait la connaissance d’Anselme Laugel (1851-1928), un peintre et homme politique alsacien de renom. Ce grand érudit a lâché sa fonction de questeur au Sénat pour une propriété viticole de Saint-Léonard, à deux pas de Boersch, dont il a hérité. C’est une ancienne maison de chanoines, petite abbaye de bénédictins fondée en 1109, consacrée à Saint-Léonard, patron des prisonniers qui vécut au XIème siècle dans le Limousin.
Le domaine de Saint-Léonard et le musée Spindler
Anselme Laugel passe les mois d’été et d’automne à Saint-Léonard, surveille les vendanges et peint des paysages. Il propose à Charles Spindler une maison voisine de la sienne pour y installer son atelier. Les deux hommes ne se quitteront plus.
Cette rencontre entre deux passionnés de l’Alsace aboutit à la création du Cercle de Saint-Léonard.
Les artistes alsaciens veulent exprimer leur spécificité et tirent leur inspiration dans l’art populaire régional. Ils organisent en 1897 à l’hôtel de ville de Strasbourg, le premier Salon des Artistes Alsaciens. Une résistance culturelle à la germanisation de l’Alsace s’y installe résolument.
Nos deux compères sillonnent l’Alsace du nord au sud, de Wissembourg à Belfort. Ils la parcourent à pied, ou en calèche, le sac sur le dos pour constituer, ce qu’on appellerait aujourd’hui une base de données extraordinaire. Ils sont les premiers et peut-être les seuls à avoir réalisé une collecte aussi large des signes distinctifs de l’identité alsacienne.
Peu à peu, ils attirent chez eux leurs amis et créent avec Pierre Bucher et Gustave Stoskopf, le cercle de Saint-Léonard. Celui-ci réunit une fois par mois leurs amis peintres, sculpteurs, poètes et musiciens pour un dîner copieux et animé. L’art, la gastronomie et la politique se mêlent joyeusement. Au fil de ces rencontres, les artistes et intellectuels prennent conscience de leur identité alsacienne. Cela aboutira à la naissance du Théâtre Alsacien à Strasbourg (1898), de la Maison d’Art Alsacienne (1905), du Musée Alsacien de Strasbourg (1907), et à de nombreuses parutions.
Aquarelles de Charles Spindler
En 1893, Charles redécouvre la technique de la marqueterie qui consiste à assembler des bois d’essence variés pour réaliser un tableau. Il renouvelle cet art égyptien en l’utilisant comme technique picturale : « Je ne tardai pas à remarquer que ce procédé convenait mieux que tout autre à reproduire l’aspect de nos maisons alsaciennes avec leurs poutres apparentes et leurs nombreux détails ». L’Alsace, avec ses paysages et ses habitants, va en effet constituer sa source d’inspiration. Il la parcourt à pied, ou en calèche, le sac sur le dos, son appareil photo à la main. Il saisit les vues des villages et des scènes de la vie quotidienne en aquarelles et en photographies dont certaines servent de canevas à ses marqueteries. Pour réaliser un tableau de marqueterie, les éléments du dessin sont découpés et collés sur des essences de bois de placage sélectionnés et aplanis. Chaque élément du tableau est découpé à l’aide d’une lame extrêmement fine qui permet de suivre avec le plus de finesse possible les contours du dessin. Les centaines de pièces de bois aux teintes multicolores sont ensuite, tel un puzzle, juxtaposées et collées les unes aux autres. Une fois assemblée, la marqueterie est encollée sur un support rigide et mise sous presse. Elle est ensuite délicatement poncée et le tableau est ciré ou verni. Charles émeut tout un peuple avec ses tableaux qu’il vend comme des petits pains dans toute l’Alsace.
Charles illustre également affiches et livres. Il dessine des services de verres, des petits objets, boites et plateaux, boiseries mais surtout des ensembles de meubles marquetés destinés à la décoration intérieure… Charles a encore l’idée de lancer une revue pour promouvoir ses amis artistes car il pense « que le problème alsacien était moins une question politique qu’une question de culture ». Ce sera « La revue alsacienne illustrée » qui va avoir un succès considérable, où il publie en 1898 la plus célèbre pièce en alsacien « D’r Herr Maire » de Gustave Stoskopf.
Il est récompensé lors de grandes expositions comme l’Exposition Universelle de Paris en 1900, à Turin en 1902, à Saint-Louis (USA) en 1904, à Dresde en 1906 … c'est dire que sa renommée est internationale ...
En 1900, Charles est chargé par la comtesse Mélanie de Pourtalès (la « grande Dame ») de décorer un salon du château de la Robertsau ; il y rencontre toute la noblesse d’Alsace d’antan. Ce sont les meilleurs moments de sa vie car il est maintenant reconnu comme artiste alsacien.
En 1902, Anselme et Charles publient « Costumes et Coutumes d'Alsace français et en allemand, le résultat de leur dix ans de voyage dans la plaine. Dans la préface du livre, ils expliquent qu'ils ont pour but de « faire parcourir au lecteur les villages d'Alsace, lui montrer comment vivent, s'habillent et se logent ces vaillants travailleurs de la terre, définir leur caractère, analyser leurs habitudes, trouver la note pittoresque qui domine si souvent en Alsace et se manifeste de façons si ». L'ensemble constitue un véritable miroir d'une civilisation menacée d’extinction.
La même année, Charles Spingler prépare l’Exposition internationale de Turin où il va exposer un décor de salle à manger alsacienne avec des meubles marquetés, des boiseries, de la vaisselle et un Kachelhofe. « Le travail sort de mes mains comme par enchantement », écrira-t-il. Ce n’est pas l’avis de ses amis. Il est, en effet, tombé amoureux d’une jeune strasbourgeoise, Marie-Jeanne Rippel. Il décide de se marier promptement et ne se rend pas à Turin où sa « salle à manger » recevra pourtant le 2ème prix. Pierre Bucher écrit à un ami : « Spindler vient d’épouser, un peu par coup de tête, une jeune fille sans fortune, assez jolie. Voilà des semaines qu’il en perdait la tête et il était assez difficile de l’astreindre à la besogne ». La jolie Jeanne s’installe évidemment à Saint-Léonard et accouchera en 1903 d’une fille prénommée Marie-Jeanne et en 1906 d’un petit garçon Paul qui succèdera plus tard à son père.
Charles Spindler, au milieu des soubresauts historiques, a une conscience particulière et exprime sa conviction que l’Alsace est aussi bien fille allemande que française. Il disait : « Je suis Allemand de raison et Français de cœur ». Il prône la synthèse des deux cultures contre les extrémistes comme Hansi ou Wetterlé pour le camp français et Schickelé ou Lienhard pour le camp allemand.
Au début du 20e siècle, Charles est le témoin des antagonismes qui renaissent entre pays européens sur fond de rivalités coloniales. En France, on veut de plus en plus se venger de la défaite de 1870. En Alsace, on se dispute au sujet de la reconstruction du château du Haut-Koenigsbourg entrepris par le Kaiser Guillaume II. Celui-ci dépense plus de deux millions de marks-or pour célébrer le lien entre sa dynastie (les Hohenzollern) et les Hohenstaufen. On demande à Charles si les Alsaciens accepteraient de redevenir français, fût-ce au prix d’une guerre. Charles répond : « A ce prix-là, aucun Alsacien n’accepterait le changement ». Et pourtant, il sent bien la montée du nationalisme allemand et il n’ose imaginer l’inimaginable guerre qui se prépare.
Le 28 juin 1914, le prince héritier d’Autriche, François-Ferdinand de Habsbourg est assassiné avec son épouse à Sarajevo en Serbie par un activiste serbe. Le vieil empereur d’Autriche, François-Joseph, à 84 ans, va être dépassé par les évènements qui s’emballent. Son gouvernement, qui veut en finir avec les tensions en Serbie, leur déclare la guerre en juillet. La Russie entre en guerre contre l'Autriche-Hongrie pour défendre la Serbie. Le Reich allemand répond à cela en entrant également en guerre tandis que la France et l'Angleterre tentent toujours d'apaiser la situation, en vain. L'Allemagne s'allie à l'Empire Ottoman pour combattre les Russes. Le 3 Août, l'Allemagne déclare la guerre à la France et le 4, le Royaume-Uni à l'Allemagne. C’est le début de la première guerre généralisée où personne n’imagine qu’elle va faire vingt millions de morts.
70 millions d’hommes prennent les armes, 10 millions d’entre eux ne reverront pas leur terre natale, 21 millions seront blessés dont un grand nombre profondément mutilés. Pendant 4 ans, un déluge de fer et de feu s’abat sur l’Europe. Des générations entières sont fauchées par les balles des mitrailleuses, des fusils, les éclats d’obus et de grenades quand ils ne meurent pas dans les tranchées sous les lames effilées des baïonnettes ou, pire, asphyxiées par des gaz que tous les belligérants - principalement l’Allemagne, l’Angleterre et la France - n’hésitent pas à utiliser. Les populations civiles ne sont pas épargnées. 10 millions de vieillards, de femmes et d’enfants périssent, soit à peu près autant que de militaires.
Charles est abasourdi par autant d’aveuglément : « Au mois d’août 1914, je fermai mes ateliers et ne les rouvris qu’en 1918 après l’armistice de cette guerre imputable à la bêtise et à la maladresse des hommes d’état allemands ».
A 43 ans, trop âgé pour être mobilisé et victime d’insomnies dues à des crises de goutte, Charles passe les quatre années du conflit « confiné » à Saint-Léonard. Il grimpe souvent depuis Saint-Léonard le Mont Sainte-Odile par le chemin des pèlerins : « Sainte-Odile, sainte montagne d’Alsace, ton nom est tout douceur et harmonie, en accord parfait avec la courbe élégante de tes flancs… Combien de fois, durant cette longue période d’attente, faite d’angoisses et d’espérances, n’avons-nous pas recherché tes sentiers ombrageux, désertés par les pèlerins, ou foulé la neige immaculée de tes rochers pour échapper au bruit du canon et à l’anxiété qui nous étreignait le cœur ! ».
Charles écrit, pendant ces quatre horribles années, son journal qui comprend 2600 feuillets manuscrits. Un document inégalé qui constitue un témoignage exceptionnel sur ce conflit inhumain. Ce témoignage est riche de détails sur la guerre vécue au front et sur la guerre subie à l’arrière, en Alsace, au jour le jour. Dès le début de la Première Guerre mondiale, Français et Allemands multiplient maladresses et vexations à l'égard des Alsaciens-Lorrains. Mais bientôt, les Allemands vont durcir leur politique qui devient brutale et inique. Charles rapporte que le 22 août 1914 eût lieu « l'exécution de trois pauvres paysans de Belmont, qu'on avait arrêtés et condamnés comme espions et qui, avant d'être fusillés, avaient dû, de leurs propres mains, creuser leurs fosses. Tout le village de Gertwiller fut révolté de cet acte de sauvagerie ». À Bergheim, on conduisit à pied un simple d'esprit originaire d'une vallée francophone et qui n'avait pu s'expliquer en allemand ; on le contraignit à creuser sa tombe puis on le fusilla devant une population révoltée et impuissante. Le professeur Werner Wittich écrit : « Je suis outré de la manière dont on traite les Alsaciens. Notre gouvernement ne se rend pas compte de la haine qu'il provoque dans le peuple par des mesures aussi iniques qu'idiotes ». Philippe Husser, pourtant germanophile, s’écrie : « On sait bien que les régions frontalières sont toujours les plus exposées... Ceux de l'intérieur n'en ont aucune idée. Mais ce qui est impardonnable, c'est d'avoir traité l'Alsace en pays ennemi … ».
L’Alsace est saignée à blanc et 380 000 Alsaciens et Mosellans sont obligés de partir sous les drapeaux allemands ! Considéré comme suspect, le soldat alsacien ou lorrain est surtout envoyé sur le front russe où l'attendent les missions les plus dangereuses. Les soldats Alsaciens-Lorrains servent pourtant loyalement l'Allemagne jusqu'à la fin de la guerre, parfois jusqu'à l'ultime sacrifice. 50 000 malheureux jeunes hommes sont tués par des Français ou des Russes. 150 000 blessés rentreront détruits quatre ans plus tard au pays. Tous ces morts sont en fait morts pour rien ! Dans tous les villages alsaciens, ils n’auront pas droit aux monuments « Morts pour la France » et 50 000 familles alsaciennes vivront leur peine éternellement.
Le journal de Charles exprime aussi toute la complexité de la situation de l’Alsace : « Français de cœur, j’ai toujours ressenti Sedan comme une défaite ». Il publie son livre, « L’Alsace pendant la guerre » en 1923.
Le monument aux morts à Strasbourg représente l'Alsacienne pleurant ses deux fils morts des deux cotés du front par Léon Drivier
En novembre 1918, L’Alsace redevient donc française, mais à quel prix !
L'enthousiasme de Charles retombe vite devant les maladresses des autorités françaises et il est outré par les exactions commises contre les Allemands. Il intervient en faveur de quelques-uns mais son attitude finalement modérée, dans le climat exalté de l'époque, lui vaut des tas d’inimitiés. Nombre de ses amis rompent avec lui quand, à l'occasion du procès des autonomistes de Colmar, il vient témoigner en faveur d'un autonomiste, innocent des faits dont on l'accusait. Il est choqué par toute la violence qui se déchaine dans son propre pays. Dans ses Mémoires inédits, publiés 70 ans après sa mort, il ne mâche pas ses mots et règle ses comptes avec les extrémistes de tout bord.
Charles se remet au travail et continue d’exprimer ses sentiments dans les œuvres de marqueterie qu’il réalise à Saint-Léonard.
En 1928, il publie son dernier livre : « Ceux d'Alsace ». Le "vieux lion" de Saint-Léonard jette à l'occasion de ce livre un ultime regard sur le passé de sa chère Alsace. Il en ressort un hommage émouvant envers cette terre qu'il aime tant et qu'il a magnifiée pendant près de cinquante ans à travers photographies, dessins, aquarelles et marqueteries. Il y met en évidence le costume paysan (surtout le costume féminin), les fêtes religieuses et les traditions, l'architecture rurale et les vieux métiers. Un voyage dans une Alsace d'avant la voiture qui conduit le lecteur à travers villages, vignobles, forêts et campagnes ; immensément nostalgique !
La forte personnalité de Charles Spindler a fait, qu’au carrefour des influences contradictoires, il a su rester lui-même et préserver de toute atteinte son tempérament sobre, robuste, sain, en harmonie avec son portrait que brosse le critique Marc Lenossos dans La Vie en Alsace de 1928 : « En dépit de ses soixante-trois ans, sa carrure imposante demeure droite comme celle d’un vieux chêne. Ses cheveux, broussaille d’argent couronnant un front intelligent, n’atténuent point l’ardeur d’un regard direct, loyal, d’un gris-bleu indéfinissable, qu’on sent s’embuer parfois quand il s’émeut au cours de la conversation. Une bonne grosse moustache à la gauloise complète cette physionomie celtique. (…) Je le revois, assis devant moi, simple, cordial, très à l’aise dans sa vareuse bleu marine… ».
Charles décède le 3 mars 1938 à Saint-Léonard, à l’âge de 73 ans, et quelques jours après, il est conduit au cimetière de Boersch, son village natal. Il est resté fidèle à l’Alsace jusqu’au bout. Il aimait trop sa terre pour ne jamais la quitter. Il ne fut ni Allemand ni Français, il se glorifiait de n’être qu’Alsacien !
Son atelier de la Léonardsau va lui survivre. Son fils Paul (1906-1980) relève le défi. Il choisit de faire perdurer cette tradition des tableaux reproduisant des villages et des paysages d’Alsace et de perpétuer le style Spindler, en lui instillant un supplément d’âme qui lui vient du sentiment d’une vie qui s’effrite autour de lui et du sens tragique de l’existence. Son petit-fils, Jean-Charles (1948), tout en faisant jaillir de nouveaux paysages de l’Alsace éternelle, poursuit ses recherches personnelles en innovant sur des thèmes résolument contemporains.
Vorstecker - L'Alsace qui plastronne (1) - Costumes et Coutumes
Le vorstecker (devantier ou pièce d'estomac) est la partie la plus prestigieuse du costume alsacien, celle à travers laquelle s'incarne toute la fierté féminine. Par sa forme et son décor, il ...
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