La route des vins d'Alsace

28 Avril 2020 Publié dans #Les routes

La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth
La route des vins vu par Guy Wurth

La route des vins vu par Guy Wurth

               Pour se rendre compte de la diversité et la beauté des villages et paysages alsaciens, il faut faire la Route des vins. S’il y a une richesse que nous ont laissé les Romains et pour laquelle il faudrait encore les remercier, ce sont les vignes. Jules César avait écrit dans son livre,  la guerre des Gaules,  que « le pays enlevé à Arioviste était le meilleur de toute la Gaule ». L’agriculture se développe avec les techniques romaines. Ceux-ci introduisent les vergers, le jardinage et surtout la vigne (un vrai bonheur pour la région). C’est en effet sur les coteaux orientaux des Vosges aux alentours de Colmar que les romains font planter les premiers pieds de Pinot dont le nectar voyagera dans le monde entier (jusqu’en Perse notamment).

                En s’établissant le long du Rhin, les Romains commencent par quadriller la plaine de routes pour permettre un déplacement rapide de leurs légions. Ce sont sur ces routes que vont s’établir une demi-douzaine de garnisons et de structures administratives qui deviendront autant de villes et de centres commerciaux. Les soldats touchaient une solde élevée, ce qui en faisait des salariés privilégiés attirant des civils, des femmes en quête de « maris » ou des commerçants à la recherche de clients. Une des routes romaines, appelée « la route des montagnes », adossée aux collines sous-vosgiennes, longue de 120 kms, remontant de Thann à Saverne en passant par plus de 70 villages est devenue notre route des vins.


                Au moyen âge, le long des collines sous-vosgiennes, la vigne se développe bien et commence à constituer un revenu stable. Il y a déjà à la fin du 12ème siècle une centaine de villages viticoles. Un contemporain de Frédéric Barberousse disait que le vignoble alsacien était le plus important d’Europe. Le vin s’exporte jusqu’en Egypte. On servait des vins alsaciens aux rois d’Angleterre, de Pologne et même aux tsars de Russie. Les maisons des villages sont mieux décorées. Les municipalités s’embourgeoises et créent des taxes pour protéger leurs villages avec des fortifications et des murs d’enceinte qui existent toujours et qui rendent notre route des vins si attrayante. C’est à cette époque que naissent les premières réglementations sur les cépages et où ont été créé les appellations Traminer, muscat ou riesling.

                Aujourd’hui, ce sont cinq mille viticulteurs qui entretiennent ce trésor de la nature, constitués essentiellement de vins blancs secs racés, charpentés, épicés autour des cépages connus du monde entier : Sylvaner, Pinot, Riesling, Muscat ou Gewürztraminer.  

               La route des vins est longue de 170 kms et traverse 80 des plus beaux villages alsaciens. 51 Grands crus ont été sélectionnés dans 47 communes, issus de terroirs privilégiés où la géologie, le climat et l’exposition forment un accord exceptionnel. Tous naissent de cette alchimie extraordinaire qui unit l’air, le sol, la vigne et l’art des hommes. On peut parler d’un véritable trésor qui, travaillé depuis près de deux mille ans, nous permet aujourd’hui de profiter d’un cadre de vie exceptionnel. Il est recommandé de les déguster avec modération ! 

Mittelbergheim au printemps

Mittelbergheim au printemps

Vous pouvez découvrir cette route en plusieurs étapes :
1)    Dans le Bas-Rhin, de Marlenheim à Sélestat ;
 Vous traverserez Marlenheim, l’ancienne cour royale des Mérovingiens,  Molsheim, à l’entrée de la vallée de la Bruche (voir l’histoire de Gerber page XX), le fief d’Ettore Bugatti (voir page XXX), Rosheim (voir page XXX) et sa belle église romane, Obernai, la cité des anciens ducs d’Alsace et lieu de naissance de notre Sainte-Odile (voir page XX), Barr et Mittelbergheim (village préféré des Français 2018), Andlau, fondée par une impératrice alsacienne (voir son histoire page XX), Dambach-la-ville, la médiévale (voir page XX), Kintzheim dominé par son château des Rathsamhausen où vous pouvez découvrir la Volerie des aigles.

La volerie des aigles au chateau de Kintzheim

La volerie des aigles au chateau de Kintzheim

2)    Dans le Haut-Rhin, de Sélestat à Colmar :

     C’est la partie la plus noble car la plus gâtée par les sols et le soleil. La route se faufile entre les coteaux des vignobles dominés par la forteresse du Haut-Koenigsbourg, le fleuron de nos châteaux médiévaux. 
Vous pouvez commencer votre journée par la cité de Bergheim, enfermée derrière ses murailles, qui rappelle les heures sombres où l’on brulait les sorcières qui n’en étaient pas (voir page XXX), village préféré des Français en 2022. Dirigez vous ensuite vers Ribeauvillé, la fière citée des Ménétriers (avec ses Grands Crus Kirchberg, Geisberg, Osterberg), et ses trois châteaux en ruine (voir page XXX). Rendez vous à Riquewihr, ce vieux bourg des comtes protestants de Wurtemberg, (voir page XXX) qui est devenu la star de l’Alsace, un véritable conte de fées avec son Grand Cru Schoenebourg. Vous croiserez encore Zellenberg, le village perché et fortifié des seigneurs de Ribeaupierre, Mittelwihr (le village du milieu) également fief des comtes de Wurtemberg-Montbéliard avec son grand cru le Mandelberg, Kaysersberg et son château du XIIIème siècle qui garde la vallée de la Weiss (voir page XX), Ammerschwihr et son grand cru le Kaefferkopf, enfin Turckheim, adossée au grand cru le Brand, la malheureuse ville impériale des Habsbourg, qui fut successivement occupé par les Suédois lors de la guerre de Trente ans avant les Français du maréchal de Turenne dont les hommes massacrèrent la population en janvier 1675. 

Les trois chateaux de Ribeauvillé

Les trois chateaux de Ribeauvillé

3)    Au sud de Colmar, il vous faudra peut-être une troisième journée pour apprécier la fin de notre belle route :
Vous commencerez par Eguisheim, cité des comtes et du pape Léon (voir son histoire page XX), passerez à Gueberschwihr, adossé au grand cru Goldert, pour admirer le clocher roman de l’église Saint-Pantaléon et les maisons patriciennes Renaissance. Plus au sud il y a encore Guebwiller, à l’entrée de la vallée de la Lauch, capitale de la principauté des richissimes abbés de Murbach et leur château de Neuenburg. La ville deviendra le 2ème site industriel du textile du Haut-Rhin au 19ème siècle avec la famille Schlumberger (voir page XXX). Enfin, pour clore notre route des vins, il faut aller visiter Vieux-Thann (ne pas manquer la collégiale Saint Thiébaut 1324). On y élabore depuis le moyen-âge les prestigieux Rangen sur les coteaux les plus pentus d’Alsace (jusqu’à 70% de pente) lorsque le village appartenait aux comtes de Ferrette. 
             Séjourner chez l’un de ces viticulteurs héritier d’une culture millénaire rendra votre visite inoubliable. Ils vous expliqueront peut-être comment, pendant ces 2 millénaires d’une incessante brutalité, un tel amour de la terre a pu générer autant de beautés ?

 

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