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Histoires et Lieux d'Alsace

Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg

Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg

Noël en Alsace, est une longue histoire d’amour. 

Si en général, on attend surtout le père Noël autour du 25 décembre, en Alsace les fêtes commencent par la fête du Saint-Nicolas le 6 décembre. C’est le 5 décembre au soir, que le saint patron des enfants arpente les rues des villages avec son âne et ses sacs remplis de sucreries accompagné de … Hans Trapp (le père fouettard alsacien) et la Christkindel (une jeune fille incarnant l’enfant-dieu).

Si l’histoire de Saint-Nicolas, l’évêque de Myre en Turquie, qui distribuait des cadeaux aux enfants, remonte au 4ème siècle, le Hans Trapp alsacien a réellement existé au 15ème siècle. C’est à Wissembourg, dans le nord de l’Alsace que celui-ci a été associé au Saint-Nicolas « le gentil » pour faire peur aux enfants. Les Wissembourgeois voulaient se venger des affres qu’ils avaient subi d’un seigneur voisin.

Hans von Throta est un seigneur noble originaire de Saxe. Il a passé sa vie à guerroyer pour le compte du comte palatin du Rhin (à Heidelberg) dont faisait partie l’Alsace. En 1469, il participe à la « querelle de Wissembourg », une guerre entre le comte Frédéric 1er et son cousin Ludwig de Veldenz-Zweibrücken. Pour récompenser les victoires de Throta sur les différents champs de bataille, Frédéric 1er le promeut maréchal de ses troupes. Le nouveau comte palatin, Philippe, lui confie des missions d’ambassade en France où Hans von Throta sera à l’origine du traité d’entente signé en 1489 avec Charles VIII, le roi de France. En remerciement, le comte Philippe donne deux châteaux à von Throta, dont le Berwarstein, situé à 10 kms de Wissembourg avec les villages qui font partie de la seigneurie. Il y a évidemment tous les ans beaucoup d’argent qui affluent dans les caisses du propriétaire. Or l’abbé de Wissembourg, Heinrich von Homburg, prétendit que l’abbaye avait été spolié quelque trente ans plus tôt par le comte Frédéric et exigea la restitution des biens à l’abbaye.

Le chateau de Berwartstein

Le chateau de Berwartstein

Le comte palatin confirma son don à notre Hans ce qui fit enrager l’abbé. Celui-ci cherche à rallier les autres seigneurs locaux à sa cause. Hans von Trotha, estimant être dans son bon droit, décide de construire un barrage sur la rivière Wieslauter qui irrigue l’abbaye et le village de Wissembourg. Ces derniers vont rapidement manquer d’eau. L’abbé, fou furieux, exige que Trotha rompe le barrage, ce que celui-ci fait avec un plaisir sournois. Cette fois-ci l’abbaye et le village de Wissembourg sont totalement inondés et les habitants subissent des dégâts considérables. D’où la haine des Wissembourgeois qui donnèrent à Hans le sobriquet de Trapp (esprit mauvais qui fait du bruit en marchant). L’abbé ira jusqu’à Rome pour plaider sa cause et obtenir l’excommunication de Hans qui dut continuer jusqu’à sa mort en 1503 à se battre pour transmettre son patrimoine à son fils.

Evidemment, le statut d’excommunié fit de Hans un super diable que les victimes de ce conflit choisirent pour faire peur à leurs enfants : « attention les enfants, si vous n’êtes pas sages, on appelle le Hans Trothe ! » C’est ainsi que depuis cinq cents ans, des générations d’enfant entendent parler de ce Hans Trapp.

Le culte de saint Nicolas (du nom de l’évèque de Myre en Turquie qui a ressuscité des enfants) est arrivé en Europe de l’Ouest dès le Xe siècle. C’est en Lorraine, que le roi René II au XVème siècle en fait le patron de la Lorraine.

Ces deux figures sont dorénavant associées le 6 décembre en Alsace, l’évêque à la barbe blanche coiffé d’une mitre, une crosse à la main avec son sac rempli de cadeaux pour les enfants sages accompagné de son âne  et le vilain Hans Trapp affublé d’une barbe noire et d’un bâton pour faire peur aux enfants.

Mais, la Christkindel, alors, d’où elle sort ?

C’est encore une drôle d’histoire : En 1521, Martin Luther a déclenché la réforme protestante qui donnera lieu à cent ans de guerre sanglants entre les catholiques et les protestants. Or, les protestants veulent mettre fin aux mascarades et dévotions ridicules liées aux traditions catholiques et interdisent les fêtes du Saint-Nicolas. Ils inventent pour cela l’enfant-dieu qu’ils représentent sous les traits de Sainte-Lucie, une jolie blonde martyre sicilienne du 4ème siècle incarnant la lumière divine.

Voilà pourquoi dans certains villages alsaciens vous verrez encore aujourd’hui déambuler le soir du 5 décembre un drôle de trio, Saint-Nicolas avec la Christkindel et le Hans Trapp !

Saint-Nicolas avec la Christkindel et le Hans Trapp 

Saint-Nicolas avec la Christkindel et le Hans Trapp 

Toutefois, si vous voulez être sûr de les voir, rendez-vous à Wissembourg à la nuit tombée, le quatrième dimanche de l’Avent. Ce soir-là, les moines ouvrent toujours, lors d’un défilé nocturne, le cortège avec jongleurs, et cracheurs de feu. Le Hans Trapp tire une charrette où il a enfermé les garnements du village. Hans Trapp demande aux enfants s’ils ont été sages alors que la Christkindel prend les lettres de commande des cadeaux des enfants. Les prisonniers sont ensuite heureusement sauvés par la douce Christkindel, et la fête se termine par un feu d’artifice pour faire fuir tous les croque-mitaines.

Le char de Christkindel à Wissembourg

Le char de Christkindel à Wissembourg

            La magie continue d’opérer en visitant le marché de Noël où l’on découvre les beaux chalets et leurs artisans locaux qui mettent en scène ces beaux contes et légendes.

 

          Tous les villages et villes alsaciens rivalisent d’imagination pour attirer les visiteurs en quête de rêves pendant tout le mois de décembre.

           A Strasbourg, à bord des bateaux-mouches, on vous fait chercher les lutins dans un conte de Noël pas comme les autres.

          Dans le quartier de la petite Venise à Colmar, c’est à bord de barques que de jeunes matelots coiffés d’un bonnet rouge et blanc chantent les chansons de Noël.

          A Obernai, c’est la gastronomie locale qui est mis en avant et son vin chaud à base du vin blanc local.

          A Altkirch, le centre-ville est transformé en Forêt Enchantée où on raconte les légendes du Sundgau.

          A Bergheim, le chemin des crèches vous fait découvrir quelques 80 crèches artisanales crées par les habitants du village.

          A Ribeauvillé, c’est un véritable marché de Noël médiéval avec jeux, animations, danses qui vous est proposé sur deux weekends.

           A l’Ecomusée d’Ungersheim, vous pourrez mettre la main à la pâte (au sens propre) et confectionner vous-même les « Bredele » dans un décor de vie du début du siècle dernier.

           Partout vous pourrez déguster les pains d’épices ou autres spécialités avec le fameux vin chaud avant de choisir l’une des winstubs si typiques (pensez à réserver une semaine à l’avance).

Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg
Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg
Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg
Hans Trapp, le père fouettard à Wissembourg
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