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Histoires et Lieux d'Alsace

La cathédrale de STRASBOURG

La cathédrale de STRASBOURG

Jean-Sébastien BACH compose Toccata & Fugue en 1707

            Quelle époque ! Quelle obsession a poussé les hommes aux 12ème et 13ème siècle à entreprendre des constructions pareilles ? Imaginez, des centaines de cathédrales ont été construites sur une période de 200 ans dans toute l’Europe ! Ils ont charrié plus de pierres que les égyptiens pour leurs pyramides ! On s’interroge toujours avec quelles techniques et surtout quels moyens financiers ils ont pu entreprendre la construction de ces chefs d’oeuvre ? Il faut savoir que Strasbourg comptait 5000 habitants au début des travaux, et 15000 à son achèvement, 200 ans plus tard ! C’est comme si aujourd’hui, le village de Rosheim décidait de construire une cathédrale qui coûterait au bas mot 10 milliards d’euros !

            Certes, après le départ des légions romaines, Strateburgo (place forte sur la route) est devenu le carrefour des marchands. Le Rhin constitue une formidable voie de communication entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord. Strasbourg se trouve au passage obligé d’un vaste marché qui contribue à son enrichissement. Vers l’an 1000, les empereurs délèguent aux évêques leur autorité de sorte que ceux-ci deviennent la première puissance locale. Ils obtiennent le droit de battre la monnaie, rendent la justice et perçoivent les taxes douanières ainsi que les revenus de leurs nombreuses possessions. Ils possèdent au 13ème siècle la moitié des terres de l’Alsace !
            Pendant plus de trois siècles, les compagnons bâtisseurs ignorent les frontières et sillonnent toute l’Europe. Comme le Temple de Salomon, les Eglises des évêques représentent l’ambition de plus en plus démesurée et le besoin de regrouper toujours plus de fidèles. 

            Les compagnons se groupent en corporations puissantes basées sur la mystique qui inspirera les francs-maçons. Sur chaque chantier se trouve une “ loge ” (Bauhütte), une sorte de conseil de maîtres chargé de la gestion du chantier. On ne sait toujours pas exactement comment ces architectes ont acquis cette science de la géométrie à trois dimensions d’une précision diabolique. Car ces « loges » sont avant tout des corporations des métiers (tailleurs de pierres, maçons, charpentiers, verriers, sculpteurs …) qui initient les « compagnons » dans le plus grand secret. Le financement de ces édifices est assez aléatoire et dépend de la générosité des fidèles et de l’ingéniosité des prélats ; en effet, les évêques et le Pape iront jusqu’à « vendre des indulgences » à ceux qui veulent « racheter » leurs péchés !
 

La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG
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La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG
La cathédrale de STRASBOURG

            C’est l’évêque Wernher en 1015 qui entreprend la reconstruction de la cathédrale carolingienne strasbourgeoise détruite par plusieurs incendies dans un style « ottonien ».  Il exige que la construction de la nouvelle cathédrale soit réalisée sur les mêmes fondations édifiées par les premiers chrétiens, soit des pieux enfoncés dans la glaise marécageuse. 

            Mais en 1176 un nouvel incendie détruit à nouveau l’édifice. Henri d’Hasenbourg, le nouvel évêque décide alors une construction « plus belle et plus grande » que la cathédrale de Bâle qui vient d’être achevée. Les proportions se voulaient être exceptionnellement vastes ! 
En 1205, la ville obtient le titre de ville impériale ce qui lui accorde des privilèges et des libertés considérables. Frédéric II permet surtout la création d’un Conseil formé de bourgeois (surtout des marchands qui s’étaient enrichis) habilité à publier des ordonnances. Il faut admirer les piliers gothiques surnaturels qui soutiennent la nef, notamment le pilier des Anges dans le Transept sud.

           En 1262, la ville se débarrasse de son évêque (bataille de Hausbergen) et crée la société de « l’œuvre Notre-Dame » qui prend en charge le financement des travaux et confie à Erwin de Steinbach en 1284 la construction de la façade gothique et la fameuse rosace. 

            En 1365 maître Gerlach achève les deux tours jusqu’à l’actuelle plate-forme. Michel de Fribourg comble le vide entre les deux tours.

            En 1371, l’œuvre atteint la plate-forme à 66m de hauteur et 329 marches. On veut alors abandonner la construction des deux tours que prévoyaient les plans initiaux. Il faut toute la détermination des bourgeois de la ville qui commandent en 1399 à Ulrich d’Ensingen d’élever un octogone élancé sur la partie Nord.

            Jean Hultz de Cologne surélève, de 1419 à 1449, une tour et dresse la flèche à 142 mètres du sol. avec 8 escaliers en colimaçons qui cachent la charpente. La cathédrale de Strasbourg sera jusqu’en 1874, l’édifice le plus haut d’Europe. 

            Grâce à cette extraordinaire réalisation, la “ loge de Strasbourg ” est instituée, Grande Loge Suprême de l’Empire Germanique en 1459 et dirige, de fait, la puissante corporation des maîtres tailleurs de pierre. C’est une preuve du dynamisme de cette ville de 15.000 habitants.

            Le résultat est incroyable : 6000 m2 de surface bâtie, 5000 m2 de toiture en cuivre, 1500 m2 de vitraux extraordinaires, des milliers de statues en grès. Les piliers intérieurs semblent s’élancer comme des anges pour soutenir l’énorme poids de la voûte (voir le pilier des anges en face de l’horloge astronomique). On pourrait estimer aujourd’hui la valeur de cet édifice à quelques 10 milliards d’euros ! La rose de la cathédrale est une splendeur de 13 mètres de diamètre avec ses 32 magnifiques pétales 
 

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